Maréchal de france (1606-1665)

De tous les personnages qui illustrèrent Palluau, aucun assurément ne saurait être mis en parallèle avec le Maréchal Philippe de Clérembault.

Second fils de Jacques de Clérembault, il n’avait guère que 24 ans quand il succéda à son père comme baron de Palluau. Comme lui, il avait embrassé la carrière des armes dès l’âge de 16 ans. Simple capitaine d’une compagnie de « chevau légers », il fit partie d’une expédition en Italie ; en août 1636, il se trouva au combat du Tessin, puis l’année suivante il était au siège de Landrecies et en 1640 à l’attaque des lignes d’Arras. Devenu alors « Maréchal de camp », Clérembault prenait part comme tel au siège de Perpignan en 1642 ; l’année d’après, il accompagnait le Grand Condé au siège de Thionville et en 1644 l’aidait à gagner la célèbre bataille de Fribourg, puis celle de Nordlingen.

Après ces exploits, il fut pourvu de la charge de « mestre de camp général de la cavalerie légère » et servit aux sièges de Philipsbourg, Courtray, Dunkerque, La Bassée et Lens. « Lieutenant Général des Armées du Roi », il les commande à Ypres, Bellegarde, Montrond en Berry. Puis il fut fait « Maréchal de France » par lettres royales données à Paris le 18 Février 1653. En 1659, il accompagne Mazarin aux conférences de l’Ile des Faisans sur la rivière basque Bidassoa qui amenèrent le Traité des Pyrénées, mettant fin à la guerre franco-espagnole.

L’année qui suivit sa promotion au grade de Maréchal de France, il épousait le 26 Avril 1654, à Paris, Louise-Françoise Bouthillier, fille de Léon Bouthillier-Chavigny, Grand Trésorier de France et Ministre d’Etat. Le contrat de mariage fut solennellement passé en présence de Louis XIV, de la reine-mère Anne d’Autriche et Mazarin.

Armoiries du Maréchal de Clérembault : elles se composent de deux blasons accostés : le premier « burelé d’argent et de sable de dix pièces » qui est de Clérembault, le second « d’azur à trois fusées d’or » qui est de Bouthillier-Chavigny. Les deux C entrelacés symbolisent l’union Clérembault-Bouthillier Chavigny. La date 1661 marque la fin de la reconstruction du château. Les deux écus sont surmontés d’une couronne de marquis et ont pour supports deux éléphants et deux bâtons de maréchal fleurdelisés posés en X.

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C’est alors que le Maréchal entreprend de reconstruire son château de Palluau, de transformer la vieille forteresse du XIIIe siècle en un château moderne, style Louis XIV. Cette construction fut achevée en 1661. Mais le Maréchal ne jouit pas longtemps de son œuvre puisqu’à la suite d’une maladie de langueur, il mourut à l’âge de 59 ans, le 24 Juillet 1665. Son corps fut aussitôt ramené à Palluau et inhumé dans l’église du lieu, située dans l’enceinte du château. Son tombeau fut violé par les révolutionnaires et les ossements jetés dans les douves du château, lors du passage de la « colonne infernale » du Général Duquesnoy, le 8 Février 1794.

Du Maréchal qui illustra Palluau, il ne reste rien si ce n’est son portrait qui se trouve au Musée de l’Historial des Lucs-sur-Boulogne, et les ruines imposantes du château brûlé pendant la Révolution.

Sainte Beuve, dans ses Portraits Littéraires, nous décrit « un Maréchal au parler bègue, plus adroit courtisan que grand guerrier ».

Dans ses célèbres « Mémoires », Saint-Simon a écrit de lui que « c’était un homme de beaucoup d’esprit, orné, agréable, plaisant, insinuant et souple avec beaucoup de manège… toujours bien avec les ministres, fort au gré du Cardinal Mazarin et toujours parmi le meilleur ».

André Guillet - 18 mars 2015