Arrivée des allemands

En juin 1940, juste après le certificat d'études, alors que je venais d'atteindre les douze ans, un événement considérable est entré dans ma vie de jeune adolescent : je veux parler de l'entrée à Palluau des troupes germaniques (samedi 23 juin).

J'étais trop jeune pour saisir vraiment la portée d'un tel fait historique et j'avais du mal à comprendre pourquoi mon père et mes grands-parents étaient aussi tristes.

Caché derrière un buisson de notre jardin, j'ai entraperçu les premiers soldats allemands, ils étaient en side-car et n'avaient par l'air aussi farouche qu'on le prétendait.

Quelques jours plus tard, une véritable troupe investit le bourg et s'installa au château.
La Kommandantur siégeait dans les tourelles et les soldats logeaient dans les communs ainsi que dans les grands baraquements construits à la hâte dans le parc.

Quant aux officiers et sous-officiers, ils logeaient dans les maisons du bourg.

Durant toute la guerre, nous en avons logé plusieurs dans notre grande maison.

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A partir de 1942

Le château s'est avéré un véritable camp de repos pour les troupes revenant de Russie et, à certaines époques, on avait l'impression qu'à Palluau, il y avait plus d'allemands que d'autochtones.

Une fois par semaine, la troupe défilait dans le bourg, colonel en tête, sur un véritable cheval, ce qui nous impressionnait beaucoup.

Au début de la guerre, leur tenue était impeccable, et dans le regard des soldats, on pouvait lire la fierté de cette armée qui paraissait invincible.

Puis, le climat changea début 1943 après la chute de Stalingrad, et je me souviens que, dès cette époque, les soldats que nous logions, venaient écouter avec nous l'émission de la B.B.C. « Ici Londres, les Français parlent aux Français » mais uniquement quand un sergent, parait-il nazi, était absent.

« Guerre – pas bon » disaient-ils.

Quant à nous, les jeunes, lors des grandes vacances, nous organisions des pièces de théâtre sous les Halles, transformées en salle de spectacle, et l'argent récolté servait à la confection de colis pour les prisonniers.

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Les enfants de Palluau jouent des pièces de théâtre pour les prisonniers sous les halles de Palluau.

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Guerre aérienne

Je revois encore les véritables armadas d'avions alliés qui nous survolaient régulièrement pour aller bombarder La Pallice, Bordeaux ainsi que les usines et les terrains d'aviation du sud de la France.

J'ai d'ailleurs raconté dans un livre « La Vendée des avions perdus », l'épopée de cette forteresse volante, « BIG RED » tombée en forêt d'Aizenay que j'étais allé visiter, en vélo avec deux camarades.

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A la fin de la guerre

Je me rappelle également avec émotion du retour des prisonniers et je crois me souvenir que le premier d'entre eux à être rapatrié, après cinq ans d’absence, fut Léon Relet du Moulin.

Palluau aujourd'hui

Tout a bien changé à Palluau, certes le bourg a grandi, mais les artisans et commerçants ont pratiquement disparu, alors que les automobiles sont omniprésentes et que la télévision règne en souveraine.

Le chant du coq célébrant le lever du jour dans la campagne vendéenne est devenu rare.

On n'entend plus le bruit du marteau sur l'enclume du forgeron ou du maréchal-ferrant qui me réveillait, presque chaque matin, annonçant le début de la journée de travail.

Seule, persiste la sonnerie de l'Angélus mais pour combien de temps encore ?

Si le poète écrivain Jean Yole revenait sur terre, il ne pourrait plus parler des « Trois aurores » par quoi se renouvelle chaque jour la pureté du matin : «Le Soleil Le Labeur- La Prière ? »

Louis GOURAUD

Propos recueillis par André GUILLET - mars 2016