L'Histoire de l'Exode de 1940

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Exode


Après 10 mois de « drôle de guerre», Hitler attaque le 10 mai 1940, et c’est l’invasion des Pays-Bas et de la Belgique par les divisions blindées allemandes qui percent le front à l’ouest de Sedan dans les Ardennes, là où s’arrête la ligne Maginot. C’est la débâcle et l’exode en grand nombre des civils qui fuient l’envahisseur. Selon un plan d’évacuation établi par le Ministère de la Guerre, la Vendée est désignée pour recevoir les réfugiés ardennais qui arrivent massivement : 81 985 seront accueillis en Vendée. Chaque commune ardennaise avait sa commune de correspondance en Vendée et Sainte Hermine était devenue la préfecture des Ardennes.

Témoignage : le départ de la Francheville près de Mézières

Mon père nous a dit : « Il n’y a pas à hésiter, il faut faire comme tout le monde, il faut partir ! ». Nous nous sommes préparés très vite, nous avons pris des vêtements, et ce que nous avions comme victuailles. Nous sommes partis à cinq, mon père, mon frère Michel et moi, avec chacun son vélo lourdement chargé de balluchons et ma mère poussait le landau.
Sur ce landau, rempli de linge, nous avions « perché » mon petit frère Gilles qui avait cinq ans.Nous avons pris la direction de Rethel ; il y avait beaucoup de monde. De temps en temps, des avions venaient nous mitrailler ; alors, à chaque fois que nous les entendions, c’était la panique, nous nous cachions dans les fossés.

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Exode sur la route

Ainsi, Palluau a accueilli jusqu’à 200 réfugiés ardennais, restés plus ou moins longtemps avant leur retour en 1941. Il faut imaginer comment les réfugiés arrivaient, ayant parcouru les six ou sept cents kilomètres qui séparent la Vendée des Ardennes, à pied pour la plupart, à vélo, en voiture ou en camion pour les plus chanceux, sous la menace des avions « stukas » qui piquaient, sirènes hurlantes, sur les colonnes de réfugiés. Beaucoup d’Ardennais arrivaient épuisés, affamés, avec quelques pauvres bagages qu’ils avaient pu emporter.

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Réfugiés sur la route

Témoignage : l’arrivée à la Chapelle-Palluau

Le 15 mai, à 2 heures de la nuit, arrivaient à la Chapelle-Palluau, les premiers réfugiés (7 ou 8). Ils furent hébergés chez Mme Gaudin. Puis, durant une dizaine de jours, 70 réfugiés arrivèrent encore. Ils étaient dans un état de dépression morale et physique lamentable. Ils furent hébergés dans le bourg et les villages.

La Vendée semblait alors une terre promise, une terre d’asile. Parmi les lieux et familles d’accueil de Palluau, il faut citer Le Château, l’Hôtel Remaud, l’Ecole Publique, la Gare, les familles DEVINEAU, DUGAST, DAVY, TRICHET, FOUCAUD, ROY, GILLAIZEAU, DORION, AUVYNET, GUILBAUD, CHARBONNEAU, MOIZEAU, BAUDRY, ORDONNEAIU, NAULEAU, GOUPILLEAU, BOULIEAU.
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Un bon nombre sont arrivés de La FRANCHEVILLE, près de Mézières, le chef-lieu des Ardennes à l’époque. 

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Saint Laurent, Rethel, Sault les Rethel, Saulée-Monclin, Mohon sont d’autres communes de l’Ardenne accueillies à PALLUAU.
 
Témoignage d’une famille d’accueil : la famille FAVROULT, de la Brunière de la Chapelle-Palluau, à la limite de Palluau.

Cette famille comprenait 6 personnes, le père Armand, la mère Marie-Louise, et leurs 4 enfants Agnès, Auguste, Madeleine et Marthe. Michel Barreteau qui a rapporté ce témoignage est un petit-fils de cette famille (le fils cadet d’Agnès).
La famille FAVROULT a hébergé 3 réfugiés ardennais pendant une dizaine de mois : Alcidie TATINCLAUX (43 ans) et ses 2 enfants André (20 ans) et Gisèle (13 ans), habitant SAINT LAURENT, à 3 km de Mézières. Ils ont fait le chemin d’exode à pied, parcourant 700 km sous la menace de la mitraille aérienne ; les morts étant laissés dans les fossés.
A la ferme FAVROULT, Alcidie et son fils André ont aidé aux travaux agricoles et de la maison. Quant à Gisèle, elle a été « élevée » comme les enfants de la maison.
Des liens d’amitié se sont tissés qui ont traversé les générations.
En 1960, Gisèle et André sont revenus à la Chapelle-Palluau et depuis, lors d’évènements familiaux : communions, mariages, anniversaires, on s’invite mutuellement ; et, ce sont maintenant, les arrière petits-enfants qui ont toujours le même plaisir à se rencontrer.


Le RETOUR des réfugiés (1941)

L’Ardenne étant classée en zone interdite, les réfugiés ne peuvent revenir chez eux qu’avec l’autorisation des Allemands. Parfois, ils retrouvent leur maison délabrée ou même détruite par les bombardements ; il faut nettoyer, reconstruire. Le plus souvent, leur maison a été pillée…. par les voisins restés au pays et on a la surprise désagréable de retrouver chez eux des objets volés. Il faut aussi penser à se nourrir. Pour pallier la pénurie, on se remet au jardinage, au petit élevage de lapins, volailles, cochons. Les tickets de rationnement ne procurent que 72 grammes de viande par semaine, à peine un beefsteak !.
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Pour conclure, l’Amicale des Ardennais de Vendée perpétue le souvenir de cette période tragique en organisant, chaque année, des rencontres, des expositions : « des Ardennes à la Vendée ». Cela a eu lieu à Palluau, Espace Compostelle, le samedi 27 septembre 2008. Le maire de La Francheville, qui n’a pu venir, a offert à Philippe Gadais, alors maire de Palluau, un livre sur l’Histoire de La Francheville, relatant, notamment, l’exode des « Affranchis », en témoignage de reconnaissance et de sympathie. Des liens indéfectibles unissent désormais, à jamais, l’Ardenne à la Vendée.
 

André GUILLET - octobre 2018

Témoignage

Une archive exceptionnelle sur l'Exode des Ardennais en Vendée, 1940
Elda ANÈS, une réfugiée ardennaise, écrit à son amie d'enfance la palludéenne Jeannette Ordonneau – 59 ans après en 1999 – une lettre de retrouvailles pleine d'émotions. En 1940, Elda avait alors 11 ans et Jeannette 10 ans.

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Pour reprendre le livre de Christophe DUBOIS paru au Centre Vendéen de Recherche Historique :
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"En 1940, la Vendée a bel et bien ouvert les bras aux Ardennais (plus de 80 000 dont beaucoup d'enfants), qui y ont trouvé un peu de réconfort et d'humanité. L'Histoire d'amitié profonde entre ces deux départements est sans doute bien loin d'être achevé."

André GUILLET – novembre 2020