15 MAI 1793

Le général républicain Boulard commandait le détachement de Palluau. C’est là que Charette vient l’attaquer. L’ordre est donné ; on part avec deux pièces de canon, sur deux colonnes, dont la gauche était commandée par le général Charette lui-même, et la droite par Vrigneau. Joly qui commandait la division des Sables s’avance par la route d’Ezenay (sic) et Savin par les chemins de traverse de Saint Etienne du Bois et de Beaufoux (sic).

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Charette commença l’attaque et pressait vivement l’ennemi qui faisait jouer plusieurs pièces d’artillerie. Aux premiers coups de canon, les Vendéens près d’entrer dans la ville se cachaient derrière les maisons qui bordent le grand chemin. Charette s’avance sur eux à coups de plat de sabre et les forcent d’avancer. Au même instant, un boulet vient tomber à ses pieds et le couvre de terre. Joly qui devait couper le pont de la Chapelle et tenir l’autre côté (côté Aizenay - rive gauche de la Vie), pour empêcher la retraite de l’ennemi, fit tout le contraire. Il passa avec sa troupe et fit ensuite couper le pont derrière lui. Cette lourde faute pensa lui coûter cher ; car, se trouvant exposé à des forces très supérieures, il fut obligé de se replier sur la droite, et ce fut par une espèce de miracle qu’il eut le bonheur de dérober sa marche à l’ennemi. De son côté, Savin qui venait par la traverse, trompé par les mouvements de la mêlée, fit feu sur les Royalistes, croyant tirer sur les Républicains. La cavalerie qui se trouva la première exposée à cette fusillade se replia si précipitamment que l’infanterie crut la bataille perdue et prit la fuite ; les soldats de Savin donnèrent dans une embuscade et la déroute fut générale.

On était au moment de perdre les deux pièces de canon, lorsque douze cavaliers parvinrent à les sauver sur les hauteurs de la Chambaudière d’où on pouvait foudroyer l’ennemi en cas de poursuite. Les Royalistes eurent dans cette affaire environ cent hommes tant tués que blessés. Un jeune homme de Clisson eut la moitié du visage fracassé qui lui retombait sur la poitrine. L’œil de l’autre côté avait été aussi atteint et ce malheureux n’y voyait plus. Dans ce cruel état de souffrance, il eut le courage de monter sur son cheval d’artillerie et il arriva le soir à Legé. Trois mois après, le blessé était complètement guéri, mais il resta borgne et cruellement défiguré. Le général (Charette) courut les plus grands dangers tant au fort de l’action que dans la retraite où il fut emporté par son cheval qui avait pris le mors aux dents. C’est à l’énorme faute de Joly et à la méprise de Savin qu’on dut les mauvais succès (sic) de cette journée.

Malgré la déroute complète de Royalistes, les Républicains n’osèrent les poursuivre et l’armée de Charette se retira sans autre échec, mais en petit nombre, à Legé, parce qu’une partie s’était dispersée dans la déroute et que Joly et Savin étaient rentés dans leurs quartiers. On posa des sentinelles à toutes les avenues ; les deux pièces de canon furent braquées sur la route de Palluau et on bivouaqua toute la nuit.

Dès le point du jour, douze cavaliers allèrent à la découverte des postes avancés de l’ennemi dont ils tuèrent les sentinelles. Après midi, Charette fit battre la générale pour rassembler sa troupe qui était beaucoup augmentée par le retour des fuyards. Quand il se vit assez en force, il s’avança vers Palluau, de manière à être aperçu de l’ennemi, sans être à portée de son artillerie. On fit semblant de camper pour attaquer le lendemain ; mais, à la nuit close, la troupe repris le chemin de Legé. À peine avait-elle fait un quart de lieue qu’on entendit un grand bruit de tambour et de voitures. Le général crut que l’ennemi marchait sur lui ; il fit presser la marche, plaça des embuscades sur la route et se mit en bataille en arrivant de Legé. Vingt cavaliers furent envoyés à la découverte ; mais au bout de quelques heures, le général voyant que l’ennemi n’avançait pas, il dépêcha trente autres cavaliers pour savoir ce que les autres étaient devenus. Ils les rencontrèrent à moitié chemin qui revenaient à Legé pour dire au général qu’il y avait toute apparence que l’ennemi avait évacué la place (le général Boulard évacue Palluau le 17 mai 1793) et qu’il avait pris la route d’Ezenay. Sur ce rapport et d’après les ordres que les commandant avait reçus du général de s’approcher le plus possible de Palluau, afin de bien connaître les dispositions de l’ennemi, il s’avança avec son détachement au petit pas et sans bruit vers le bourg où il entra au grand galop, tuant les traîneurs qui se trouvèrent sur son passage, au nombre de trente volontaires, et quelques soldats de l’Isle de France qui avaient encore leur uniforme. Le général informé de la retraite de l’ennemi et ne pouvant garder à la fois Legé et Palluau en fit prévenir Joly et Savin. Ce dernier vint avec sa division remplacer les cavaliers de Charette qui retournèrent à Legé, chargés de butin.

Ce combat qui eut une certaine importance est connu dans le pays sous le nom « de grand combat de Palluau ». Il coûta aux républicains 2 tués et 22 blessés dont 5 très grièvement et aux royalistes entre 100 et 150 hommes tant tués que blessés et 9 prisonniers.